A l’heure de recruter un(e) sportif (sportive) de haut niveau, les clubs s’intéressent à de nombreux critères susceptibles de prédire sa performance future : ses statistiques, son âge, son expérience, sa technique, son palmarès, son état de santé ou encore son potentiel au niveau marketing. Et quid de ses valeurs ? Est-il pertinent de les prendre en compte, et, si oui, comment ?

L’IMPORTANCE DES VALEURS DANS LA PERFORMANCE SPORTIVE

Les collectifs humains sont bâtis sur des valeurs, que celles-ci soient explicites, et fassent par exemple l’objet d’une charte, ou qu’elles demeurent implicites. Ces valeurs constituent le terreau de l’identité collective. Elles contribuent à la cohésion des membres du groupe et à sa performance. A titre d’exemple, un club de football de Ligue 1 a construit son identité autour de trois valeurs : « travail, humilité et convivialité ». Le Volero Le Cannet (volleyball féminin) a lui construit son projet de performance autour de 4 valeurs dont l’esprit d’équipe, l’implication et le respect.

Ces valeurs servent de boussole au groupe sportif sur la voie du succès. C’est à partir de ces valeurs que s’élaborent les règles qui permettent de vivre ensemble. Les valeurs constituent également des points de repère pour prendre des décisions qui aient du sens et soient acceptées par tous.

INTEGRER LES VALEURS DANS LES CHOIX DE RECRUTEMENT

Que se passe-t-il lorsqu’une organisation sportive recrute un(e) athlète dont les valeurs sont éloignées des siennes ?

C’est bien souvent l’échec assuré. Carlo Ancelotti, ex-entraîneur du Milan AC, de Chelsea, du Real de Madrid et du PSG témoigne : « Il est important de recruter des profils qui correspondent au vôtre, partagent votre conception du professionnalisme et les valeurs de l’organisation qu’ils rejoignent. »

Les conflits de valeurs débouchent bien souvent sur des séparations, qu’elles soient à l’initiative du sportif ou de son organisation. « Si vous ne reflétez pas la culture de l’équipe… on vous dira d’aller vous faire voir », déclare Anton Oliver, triple vainqueur du Tri-Nations avec les All Backs.

C’est pourquoi de nombreuses organisations cherchent à évaluer l’adéquation entre leurs valeurs et celles des candidats. Des entreprises comme Ikea, Faurecia ou encore McDonald’s ont ainsi mis en place des tests de « cultural fit » lors du recrutement. Chez Voodoo, leader mondial des jeux vidéo sur mobile, le processus de recrutement intègre un entretien spécifiquement dédié aux valeurs. Il est conduit par un « ancien » de la maison, parfaitement au fait de la culture de l’entreprise.

Il a parfois été reproché aux organisations, à travers ce type de pratiques, de rechercher des clones, de réduire la diversité au sein de leurs équipes, et, ce faisant, de se tirer une balle dans le pied. Un reproche qui me semble fondé si l’organisation mobilise ces pratiques pour recruter des personnes qui correspondent « à 100 % » aux valeurs de l’organisation. A contrario, si l’entreprise les mobilise pour (1) écarter les candidats dont les valeurs sont aux antipodes des siennes et (2) établir un diagnostic qui sera utile ultérieurement pour l’intégration des candidats retenus, cette critique ne tient plus.

COMMENT PRENDRE EN COMPTE LES VALEURS DANS LE RECRUTEMENT DES SPORTIFS ?

S’il n’y pas de recette miracle, qui vaudrait pour toutes les organisations et tous les contextes, nous suggérons la démarche suivante :

  1. Commencer par définir les valeurs de l’organisation sportive, si celles-ci n’ont pas déjà été formalisées. Cette initiative produira en outre des effet positifs bien au-delà du seul recrutement, pourvu que ces valeurs soient incarnées concrètement dans le fonctionnement de l’organisation et les comportements de ses membres.
  2. Décliner ces valeurs en comportements. Reprenons notre exemple du club de Ligue 1 qui a fait de l’humilité l’une de ses valeurs. Comment le club attend-il que cette valeur s’exprime dans les comportements des joueurs ? Quels sont les comportements qui, a contrario, dénotent un manque d’humilité ? Cette déclinaison des valeurs en comportements est indispensable pour rendre les valeurs observables et mesurables
  3. Utiliser des méthodes d’évaluation du « fit culturel » : questionnaires psychométriques, entretiens spécifiques ou encore mises en situation peuvent être utilisés pour apprécier les valeurs d’un(e) sportif (sportive) de haut niveau, et donc leur adéquation à celles d’une organisation sportive.

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Sources :

ANCELOTTI, Carlo, Mes joueurs et moi (Editions Hugo Sport, 2016)

KERR, James, Les secrets des All Blacks (Thierry Souccar Editions, 2016)

www.volerolecannet.fr