Comme dans l’entreprise, la tendance dans le sport de haut niveau est de passer d’un mode de management des athlètes culturellement directif à un mode plus participatif. Cette tendance résulte à la fois d’une évolution sociétale (aspiration plus précoce à la responsabilisation chez les jeunes générations) et d’une meilleure intégration par les entraîneurs des bénéfices du mode participatif : effets positifs sur la motivation des sportifs et souvent sur la qualité même des décisions.
L’enjeu pour les entraîneurs n’est bien sûr pas de de déléguer systématiquement l’ensemble des décisions à prendre. Il est plutôt, pour certains d’entre eux, d’utiliser davantage que par le passé les styles consultatif, participatif et délégatif (décrits par Chelladurai, 1990), afin de développer des pratiques de management mieux adaptées aux situations qu’ils rencontrent.
Développer un mode de management plus participatif ne se fait pas du jour au lendemain et, globalement, le sport de haut niveau reste un terrain de jeu marqué par les pratiques directives.
Comment dès lors faciliter ce basculement vers un mode plus participatif, du moins dans les situations qui le justifient ? Cela passe de notre point de vue par une action auprès des entraîneurs à un double niveau, celui des croyances et celui des comportements.
Premier niveau : REVISITER LES CROYANCES
Il s’agit d’aider les entraîneurs à questionner leurs croyances relatives aux modes directif, consultatif, participatif et délégatif. Au fond, la motivation à mettre en œuvre un mode de décision plutôt qu’un autre relève des avantages et inconvénients que l’entraîneur leur attribue. Cette estimation des avantages et inconvénients est elle-même sous-tendue par des croyances de l’entraîneur sur soi, sur les athlètes et sur son sport. Un entraîneur de judo déclare ainsi : « J’aimerais déléguer davantage aux sportifs car je crois en l’efficacité de la responsabilisation des athlètes. Mais ce serait mal vu dans le contexte de ma discipline. » (croyance sur son sport). Une entraîneuse de handball décrit elle ses athlètes comme « trop inexpérimentées pour se prendre en main » (croyance sur les athlètes). Un entraîneur de football estime lui que « ça fait 20 ans qu’il prend lui-même les décisions et qu’il ne saurait pas faire autrement » (croyance sur soi).
Plusieurs leviers peuvent aider les entraîneurs à revisiter leurs croyances : la formation, le partage d’expérience avec d’autres entraîneurs, voire un travail de préparation mentale pour questionner des croyances trop rigides. Au-delà de ces démarches proactives, c’est parfois les résultats eux-mêmes qui favorisent l’évolution des croyances. Dans le cadre d’une étude réalisée auprès de 50 entraîneurs de haut niveau par Sport Profileo, un entraîneur de handball témoigne ainsi : « Suite à une lourde défaite à domicile, notre staff s’est profondément remis en question et on a décidé de modifier en profondeur notre manière de manager pour aller vers plus de responsabilisation des joueurs. »
Deuxième niveau : AGIR SUR LES COMPORTEMENTS
Il s’agit d’accompagner les entraîneurs dans la mise en œuvre de nouveaux comportements : leur faire identifier des situations propices à un mode de décision non-directif, préparer avec eux en amont la séquence de décision, débriefer la situation une fois passée et les amener à recueillir le feedback de leurs athlètes sur la manière dont ils ont vécu la situation. Des expériences de consultation, participation ou délégation réussies amèneront alors ces entraîneurs à faire évoluer leurs croyances et à ancrer dans leur quotidien l’utilisation de registres complémentaires à la directivité.